Jamais une condamnation prononcée par un tribunal correctionnel n’aura suscité autant de réactions relayées par les médias. Il est vrai que la personne condamnée a occupé des fonctions très importantes, celle notamment de Président de la République. Il n’empêche que ces réactions sont particulièrement mal venues.
Certaines sont formulées par des responsables de l’opposition de gauche. Ils auraient dû rester discrets, d’abord parce qu’on ne se réjouit pas du malheur des autres, même en politique. Ensuite, parce que dans son histoire des dernières décennies, la Gauche a été également concernée par des procédures judiciaires. Cela aurait dû suffire pour que cette situation ne soit pas commentée.
Plus graves sont les réactions des hommes et des femmes de droite et d’extrême-droite. Leur angle d’attaque a été de s’en prendre à la Justice. Par voie de conséquence, des menaces de mort ont été proférées à l’égard de la présidente du tribunal qui a prononcé le jugement. Si les magistrats sont des personnes qui peuvent avoir des opinions politiques, il leur appartient de ne pas en tenir compte lorsqu’ils participent à une procédure judiciaire. Ils le font d’ailleurs et rien n’autorise à les accuser de partialité.
Une condamnation n’est évidemment jamais une décision prise pour faire plaisir. Elle est cependant la conséquence d’actes répréhensibles que les instances judiciaires saisies ont estimé comme tels. Le débat contradictoire qui s’établit au tribunal entre l’accusation et la défense permet de vérifier si les faits reprochés sont avérés ou non. La loi a-t-elle été violée ?
Car c’est d’abord à la législation en vigueur qu’il convient de se référer. On peut ne pas en approuver le contenu. Le législateur a toute latitude pour le modifier. Les magistrats de l’autorité judiciaire ne font qu’appliquer les textes votés par le pouvoir législatif. C’est l’application stricte de la séparation des pouvoirs dans notre Démocratie qu’il convient de préserver. Les parlementaires qui s’en prennent aux magistrats ou qui dénoncent la législation sont souvent les mêmes qui ont voté cette législation. On peut comprendre qu’ils cherchent des boucs-émissaires.
Notre Constitution fait du Président de la République le garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire. Cela sous-entend que lorsqu’elle est attaquée, il doit être le premier à la défendre. Il aura fallu cependant attendre trois jours pour avoir une réaction du locataire actuel de l’Elysée. Cette « lenteur » se passe de commentaires.
Le Ministre de la Justice, Gérald DARMANIN, n’a pas hésité quant à lui d’assurer de son soutien amical le condamné SARKOZY. Il est vrai qu’il fut un de ses plus fidèles soutiens avant de rejoindre la macronie.
La Justice va suivre son cours. Il revient aux défenseurs de la Démocratie et de la séparation des pouvoirs d’être vigilants face aux menaces qui pèsent sur nos institutions.